MARACAIBO (AFP) - L'enquête se poursuit au Venezuela sur les causes de l'accident d'un avion de la West Caribbean dans lequel sont morts 152 Français et les 8 membres d'équipage colombiens alors que les familles arrivées vendredi à Maracaibo (nord du pays) ne verront pas les corps des victimes en raison de leur état méconnaissable.
Aucune explication officielle n'a été communiquée sur les raisons de la catastrophe et les deux boîtes noires de l'appareil, un McDonnell Douglas MD-82, dont le commandant de bord avait signalé une panne de réacteurs avant l'accident, n'ont pas encore été analysées.
Outre des experts vénézuéliens et des ingénieurs et techniciens français du Bureau enquête accidents du ministère des Transports, déjà au travail, sept spécialistes colombiens vont être dépêchés à Maracaibo par les autorités aéronautiques colombiennes pour participer à l'enquête. Lorilys Ramos Acevedo, chef du bureau d'enquête sur les accidents aériens du ministère vénézuélien des Infrastructures, a jugé "possible" que des experts de la Direction de la sécurité du transport national américain ( NTSB ) collaborent aux investigations.
Quant au constructeur américain Boeing qui a "une équipe prête à partir", la responsable a souligné qu'il appartenait à la N.T.S.B d'éventuellement nommer dans son équipe des techniciens de Boeing.
D'éventuelles négligences en ce qui concerne la maintenance technique des appareils de la compagnie colombienne West Caribbean ont été signalées par les médias colombiens comme une cause possible de l'accident.
Une centaine de proches des victimes arrivées vendredi matin en provenance de Fort-de-France (Martinique) ont été conduits à la Faculté de médecine de Maracaibo, où une chapelle ardente a été dressée.
La faculté abrite aussi la morgue où ont été entreposés les cadavres des 160 occupants de l'avion: les 152 touristes français originaires de La Martinique et les huit membres d'équipage colombiens.
Les familles ont du mal à se résoudre à ne pas voir les corps ni le lieu de l'accident. Une rencontre avec les experts qui participent au processus d'identification des corps leur a cependant permis de poser les questions qui les hantent.
Magalie Catorc a demandé au chef des médecins légistes comment sera identifiée sa fille de 13 ans, Mailys, qui n'était jamais allée chez le dentiste et dont les empreintes digitales n'avaient jamais été enregistrées.
"Il faudra recourir a une empreinte génétique", a répondu à la jeune femme le docteur Yves Schuliar.
Magalie Catorc a alors éclaté en sanglots. Elle a également perdu sa mère dans la tragédie. Une amie est avec elle pour la réconforter.
L'identification visuelle étant impossible, les experts auront recours à des test ADN si les recoupements d'empreintes digitales ou dentaires ne sont pas réalisables.
Avez-vous récupéré tous les corps?", a demandé un homme d'une cinquantaine d'années. "Oui, je pense que la majorité des corps est à la morgue", a expliqué le Dr Schuliar. "Ce sont des corps dissociés et non des corps entiers", a précisé un psychiatre dépêché par le ministère français des Affaires étrangères.
"Si seulement je pouvais voir son corps, j'arrêterais de l'attendre", confie Marie Lenogue dont la douleur est lancinante depuis la mort de sa soeur Séverine, avec qui elle était liée "comme les doigts dans la main".
"Si seulement je pouvais la voir, je pourrais commencer à faire mon deuil", ajoute-elle.
"C'est bien là que le problème va se poser de façon aiguë. Même si on le leur a dit, les gens n'ont pas encore intégré qu'ils ne reviendront pas avec un corps. C'est au retour que les choses seront difficiles", a expliqué à l'AFP le docteur Serge Chalon, qui accompagne les familles à Maracaibo.
Les proches sont ensuite allés se recueillir dans un cimetière où ils ont déposé des roses rouges.
La grande déception c'est de ne pas pouvoir ramener les dépouilles à la Martinique, ni le moindre objet personnel.
"Le travail de deuil ne pouvait pas se faire sans venir ici", souligne Marie-Claude Clery, une élue de la Martinique.
En fin de journée, tous le groupe a pris la direction de la basilique Notre-Dame de la Chinquinquira, pour assister à une messe.
Selon un élu régional de Martinique, Michel Michalan, les familles ont consulté des journaux vénézuéliens qui ont publié de nombreuses photos du drame, parfois très choquantes.
Samedi, alors qu'un autre avion de Martinique est attendu, une stèle portant le nom des 160 victimes de la catastrophe sera érigée sur une place de Maracaibo, le port pétrolier proche du site de la catastrophe.
Le ministre de l'Outre-mer Francois Baroin accompagnera ces proches des victimes, dont certains venus de métropole.
Le président Jacques Chirac assistera pour sa part mercredi prochain à un hommage national qui sera rendu à Fort-de-France aux victimes de la catastrophe aérienne.
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