Marie-Christine Tabet [19 août 2005]
CRASH Alors que les premières familles des victimes étaient attendues ce matin au Venezuela, le parquet de Fort-de-France devait désigner deux juges d'instruction
Hier, en fin de journée à Fort-de-France, le procureur de la République a ouvert une information judiciaire. Dans la soirée, le président du tribunal devait désigner deux magistrats. «Nous voulons nous donner les moyens d'aller vite, explique le procureur général Gérard Loubens, ils pourront instruire en parallèle sur des aspects différents du dossier.» Les juges devront en effet travailler dans trois directions : l'enquête, l'identification des victimes et la réception des éventuelles parties civiles.
Depuis mardi, les gendarmes ont déjà commencé les investigations dans le cadre de l'enquête de flagrance. Ils ont récupéré auprès de la Direction de l'aviation civile les dossiers réalisés à la suite des deux contrôles effectués sur l'appareil en juin et en juillet. Les magistrats les saisiront dès qu'ils seront nommés. Les gendarmes ont également vérifié le poste d'approvisionnement en carburant de Pointe-à-Pitre, où l'avion avait fait escale avant d'atterrir en Martinique. «L'avion a fait une liaison Panama-Pointe-à-Pitre avant d'arriver en Martinique, explique-t-on de source judiciaire, il a fait le plein. Mais rien ne semble suspect de ce côté-là.»
La Martinique est sur le pied de guerre pour mener une enquête rapide. Mais elle sera dépendante des investigations vénézuéliennes, car les règles internationales du transport aérien confient toujours la conduite des opérations à l'Etat où la catastrophe s'est produite. Les policiers et les experts français collaboreront toutefois activement à l'enquête. Les membres du Bureau d'enquêtes et d'analyses auront notamment la charge des deux boîtes noires.
La délégation française est également composée d'une équipe de soutien en situation de crise du ministère des Affaires étrangères, arrivée mercredi soir à Caracas. L'équipe de l'identification judiciaire du ministère de l'Intérieur, composée de 12 experts, les a rejoints dans la nuit de mercredi à jeudi.
En métropole, la polémique enfle sur la nature des contrôles et l'information des passagers. Deux députés UMP, Marie-Jo Zimmermann et Jean-Louis Masson, ont demandé au gouvernement d'obliger les agences et organisateurs de voyages à fournir «une information honnête et loyale» à leurs clients sur les compagnies aériennes utilisées. La veille, le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot, avait annoncé la prochaine publication d'une liste noire des transporteurs aériens.
Hier, les équipes de sauveteurs recherchaient les derniers corps des 160 morts de la West Caribbean Airways. Les familles des 152 victimes françaises de l'accident d'avion devaient se rendre dès ce matin pour certaines, samedi pour les autres, sur les lieux du drame. Deux avions sont mis à leur disposition, dont un Boeing 747, affrété par l'Etat avec la participation, à leur demande, des collectivités locales. Un représentant de chaque famille pourra se recueillir dans une chapelle ardente installée par la Croix-Rouge.
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