Par Virginie GOMEZ
mercredi 17 août 2005 (Liberation - 06:00)
Envoyée spéciale à l'aéroport de Lamentin
Des hurlements de détresse s'élèvent dans la salle de l'aéroport du Lamentin où sont rassemblées les familles. «Les 151 passagers du vol sont décédés.» A l'énumération des noms, des femmes s'écroulent en pleurs, des cris retentissent, les secouristes du Samu se précipitent. Jessie Alamé, un jeune directeur de ballet apprend que 8 de ses proches sont morts. Un autre soutient son frère, qui vient de perdre sa fille de 12 ans : «Il y a une semaine, on se baignait ensemble, je n'arrête pas de revoir le film.» «Je travaille à la Sécurité sociale, on a perdu 25 collègues, on est meurtris», dit Rose. «On connaît tous quelqu'un qui était dans l'avion. C'est toute la Martinique qui est en pleurs.»
C'était le vol des vacances, un charter vers Panama, des Martiniquais partis à l'occasion du week-end du 15 août. F. et S. auraient dû être dans cet avion. Juste avant leur départ, un de leurs fils a eu un accident de voiture, et s'est cassé la jambe. Leur autre fils est parti. Il est mort dans le crash. Le sentiment d'être miraculés le dispute à la douleur intense de la perte.
Le président du conseil général, Alfred Mariejeanne parle de catastrophe. Pour ce département français d'environ 500 000 âmes, c'est un terrible choc. A la radio, les témoignages se succèdent de façon ininterrompue. Cousins, parents, amis se relaient devant les listes affichées au mur.
Les larmes aux yeux, Renée peste contre les charters qui, en période de vacances, font voler de «vieux coucous». Une enquête est annoncée, mais l'heure est pour le moment à la douleur, effroyable. Après l'énumération des noms des victimes, les autorités ont demandé aux familles de fournir tous les renseignements susceptibles d'aider à l'identification des corps, leur passé médical, les empreintes dentaires. Mais les familles se doutent qu'elles ne reverront jamais les corps de leurs proches. Le deuil n'en sera que plus difficile.
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